Defended in december 2006 at University Paris Ouest Nanterre la Defense. This thesis was awarded the highest distinction by French academic conventions ("Mention très honorable, avec les félicitations du jury à l’unanimité").

I worked in Zece Prăjini, a Rroma (Gypsy) village at the center of the Moldavian region, where most men are professional musicians. Drawing on an innovative combination of ethnography and musical analysis, the thesis interogates the notions of cunning (şmecherie) and slyness (ciorănie), which are central to villagers’ accounts of their music making and their daily life.

Defense jury:

  • M. Emmanuel Bigand (directeur de recherche CNRS);
  • M. Frédéric Billiet (Paris IV). Président du jury;
  • M. Bernard Lortat-Jacob (directeur de recherche CNRS). Directeur de ma thèse;
  • M. Denis Vidal (directeur de recherche IRD);
  • Mme Speranţa Rădulescu Rădulescu (Musée du Paysan Roumain / Université de Bucarest);
  • M. Patrick Williams (directeur de recherche CNRS)

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Please note that some arguments developped in the text need specific audiovisual documents to be fully understood. These documents were initially presented on two DVDs, along with the written text. They should be available for consultation at the library of Université Paris Ouest Nanterre la Défense. I published a selection of these documents on the DVD enclosed in Fabricants d'émotion. Some others are available below.

Résumé

Zece Prăjini est un petit village de Moldavie centrale. Ses habitants sont Rroma pour la plupart, et vivent de l'exercice
professionnel de la musique. Ma thèse porte sur la notion de ruse, malice, astuce — plusieurs termes vernaculaires quadrillent ce mode d'action — telle qu'ils la conçoivent.

D'après les Prăjiniens, une aptitude commune est impliquée dans les négociations marchandes, la politique villageoise quotidienne et l'exercice de la profession de musicien. Pour les deux premières, elle oscille entre une forme bénigne d'escroquerie et la diplomatie, au sens le plus "noble" du terme. En musique, c'est ce qui permet d'apprendre plus vite les morceaux, de les adapter d'un instrument à l'autre, de les faire correspondre aux goûts variables des auditeurs, d'y découvrir des ressources musicales passées, jusque là, inaperçues. Comprendre la ruse au sens des Prăjiniens implique donc de parcourir la rumeur du village, le répertoire partagé des musiciens moldaves, la mise en œuvre de ce dernier dans les performances particulières, l'appartenance ethnique des musiciens (Tsiganes pour la plupart), leurs rapports avec leurs voisins et principaux clients (Roumains).

Une telle description est nécessairement locale, en ce qu'elle se limite à une communauté restreinte, dans une situation particulière. Toutefois le mode d'action, lui, ne l'est pas. Ruses et malices ne sont pas l'invention des Prăjiniens, même si ces derniers y sont particulièrement attentifs. Leur conception de l'activité musicale invite donc aussi à un questionnement théorique et méthodologique, portant sur la musique et les interactions auxquelles elle peut donner
lieu.

Quelques animations interactives

Ci-dessous, quelques animations interactives qui figurent sur l'un des deux DVDs de la thèse, et que j'ai laissées de côté pour le livre. La première illustre un principe général d'analyse, couramment employé en ethnomusicologie. Les deux suivantes permettent de comparer des morceaux "modernes" et "anciens" que jouent les musiciens professionnels tsiganes. 

Analyse synoptique interactive

L'analyse synoptique (parfois appelée "paradigmatique") s'effectue habituellement à partir d'une transcription. Elle consiste à

  • segmenter la pièce en "modules",
  • en assignant une colonne à chacun,
  • de gauche à droite par ordre d'apparition.

La transcription se lit alors toujours de gauche à droite et de haut en bas, mais son aspect visuel reflète les répétitions qui structurent la pièce. Ce qui permet d'identifier les "modules" dépend de la pièce transcrite, du genre musical, des informations périphériques dont on dispose (les pas de danse, les commentaires des musiciens)... Constantin Brăiloiu fut l'un des premiers ethnomusicologues à utiliser ce type de transcription. Elle lui permit notamment de montrer l'organisation de certaines lamentations funèbres de Roumanie (les bocete, exemple ci-dessous.)

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J'ai repris ce principe pour construire des animations interactives, en illustration de certaines analyses de ma thèse et de (Fabricants d'émotion). Un exemple en est présenté ci-dessous. Il permet de suivre la construction modulaire, d'une improvisation musicale. Costică Panţiru est au saxophone, et il joue une suite de hore destinées à la danse, dans une mariage à Zece Prăjini. Cet enregistrement est transcrit et commenté dans ma thèse (que vous pouvez télécharger ci-dessus), p. 270 et suivantes.

 

             

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Le neuf et le vieux

En Roumanie, les manele passent pour être une musique moderne, liée aux aspirations libérales de la jeunesse post-socialiste. Comme toutes choses "modernes", les manele s'appuient sur des éléments préexistants. On y retrouve notamment des motifs mélodiques utilisés dans les répertoires plus "traditionnels". Mais parfois aussi, l'influence semble inverse : des genres musicaux "traditionnels" semblent se renouveler à partir de trouvailles apparues initialement dans le monde des manele. Ci-dessous, deux exemples, sous forme d'animations interactives.

Dans ma thèse de doctorat (téléchargeable ci-dessus), elles sont discutées à la page page 188 (soit p. 228 du fichier total). Cliquez sur les boutons bleus pour comparer les parties constitutives de chaque mélodie.

 

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